Magie de la littérature associée à la magie de la chronologie.
Je viens de commencer la lecture d’un roman : « le loup des steppes ». Comme un certain nombre de mes contemporains, j’ai passé une partie de mon après midi du jeudi 21 juin, devant mon écran de télévision mais à la différence de bon nombre de mes contemporains, je ne me suis nullement associé au concert de klaxon qui a suivi en prélude au déluge de sons que sont devenues, depuis de nombreuses années déjà, les fêtes de la musique.
Plutôt que de subir les ultra-basses de tous ces faiseurs de musique à deux balles, je me suis donc replongé dans ma lecture romanesque et voilà ce que j’ai pu lire, non sans m’être équipé de boules Quiès (j’habite dans un centre ville, disons…, très central).
« … je suis incapable de comprendre quels plaisirs et quelles joies les hommes recherchent dans les trains et les hôtels bondés, dans les cafés combles où résonne une musique oppressante et tapageuse, dans les bars et les music-halls des villes déployant un luxe élégant, dans les expositions universelles, dans les grandes avenues, dans les conférences destinées aux assoiffées de la culture, dans les grands stades. Non, je ne suis pas capable de comprendre et de partager toutes ces joies qui sont à ma portée et auxquelles des milliers de gens s’efforcent d’accéder en se bousculant les uns les autres. Ce que j’éprouve dans mes rares instants de bonheur, ce qui constitue pour moi un ravissement (…) est connu (…) tout au plus dans la littérature ; dans la vie, on traite cela de folie. Et de fait, si la majorité a raison, si cette musique dans les cafés, ces divertissements de masse, ces êtres américanisés aux désirs tellement vite assouvis représentent le bien, alors, je suis dans l’erreur, je suis fou, je suis vraiment un loup des steppes. »
Quand donc ces lignes ont-elles été écrites ?
L’auteur a-t-il bien connu l’ère des galeries marchandes, des techno-parades, des DJ et de Donald Trump ?
Me croirez-vous ? « Le loup des steppes » est un roman écrit par Hermann Hesse ; il est paru en 1927
